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Scarlett et Rhett

 

Sur le vif - Samedi 21.02.09 - 17.50h

 

Un ticket Charles Beer – Véronique Pürro pour le Conseil d’Etat, ce sont les noces du blanc bonnet et du bonnet blanc, de la carpe et du lapin, de la vague et de son écume, du prince et de celle qui porte sa traîne, de Dupont et de Dupond. Ca n’est pas un ticket, c’est un pléonasme, une homophonie, une redondance.

Autant élire Stanley et Livingstone, Simon et Garfunkel, Daphnis et Chloé. Comme si le parti socialiste genevois – dont nul ici, évidemment, ne saurait contester l’infinie sagacité – n’avait plus d’autre ressort que de se brandir à soi-même son miroir, produire et reproduire les mêmes figures, homme adroit et femme gauchère, je te vois, tu me vois, nous ne voyons que nous, dans l’infinité réflexive de la glace et de son tain. C’est totalement son droit, chacun vit sa vie. Les électeurs jugeront.

Car enfin, Véronique Pürro, c’est la garde noire de Charles Beer. C’est comme si on élisait un ministre et son garde du corps. Elle ne jure que par lui, parle comme lui, ne rêve que de traverser les enfers en sa compagnie, il est Orphée, elle est Eurydice, la vie est belle, rose comme les doigts de l’aurore, étoilée comme l’Europe, crépusculaire comme le grand soir. Scarlett et Rhett Butler, devant Atlanta en flammes.

Oui, la vie est une valse. Comme chez les libéraux, on écarte le meilleur au profit d’un couple de rêve. Parité, parité chérie, tu me tiens, j’adore t’offrir ma barbichette, nous dansons sur l’autel du sacrifice.

Juste un épilogue pour rappeler qu’en démocratie, ce ne sont pas les partis qui décident, mais le peuple. Ce dernier voudra-t-il vraiment reconduire les cinq conseillers d’Etat sortants qui se représentent ? Ces cinq bilans sont-ils, de façon égale, à ce point étincelants ? Ce droit d’inventaire que les congrès des partis se refusent à exercer, par conformisme, par le poids des habitudes (et l’habileté des réseaux internes), le peuple, cet automne, devra en faire usage. Hélas, la partitocratie est telle que les choix sont quasiment bétonnés d’avance. En cela, Genève n’a guère à envier au Valais.

En attendant, va pour la valse. Le printemps approche, la vie est belle, elle nous sourit. L’automne, ce sera pour plus tard. Sur les cendres d’Atlanta, les feuilles se laisseront mourir. Et un beau jour, comme à la fin du film, Rhett coiffera son grand chapeau et partira. Et nous, devant le générique, nous resterons encore assis quelques instants. Avant de reprendre le fil de nos vies.

Pascal Décaillet

 

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