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La queue et les oreilles

 

 
Chronique publiée dans le Nouvelliste du 25.09.08

 

Le rejet du programme d’armement, hier, par le Conseil national, n’est ni une affaire de chars, ni une affaire d’avions. C’est un rituel, une corrida, un jeu de sang et de pleine lumière qui devait avoir lieu un jour : l’exécution de Samuel Schmid.

Depuis des mois, par harcèlement, par banderilles, la mise à mort se préparait. Une pique dans la presse dominicale alémanique, une indiscrétion, des menaces à peine voilées. Du mobbing, au grand jour. Il était clair qu’il fallait une victime expiatoire, un agneau sacrificiel. Ou un taureau du dimanche. Au choix. Pourvu qu’il y ait une queue, pourvu qu’il y ait des oreilles à brandir au public.

En réponse à quoi ? – Mais au 12 décembre 2007, pardi ! Vous n’alliez tout de même pas imaginer que le parti arrivé en tête des dernières élections fédérales se laisse allègrement faucher son porte-drapeau, l’orfèvre de sa victoire, par un pronunciamiento de passage, avec la bénédiction des naïfs et des bien-pensants, sans concocter une petite vengeance.

La vengeance, ce fut hier. Pour avoir la peau du traître, l’UDC n’a pas hésité à s’allier avec la gauche, dont les valeurs militaires sont à l’opposé diamétral des siennes. Le centre-droit s’épanche, s’époumone, hurle à l’alliance malsaine : le parti de Blocher a beau jeu de lui tendre le miroir d’une autre alliance de bric et de broc, le trio du 12 décembre.

Match nul, donc. Restent les vraies questions. A ce niveau de tension, auquel s’ajoute le malheureux accident de santé de Monsieur Merz (conseiller fédéral de grande valeur, dans la droite ligne de Kaspar Villiger), parler de crise politique, ce mot qui fait peur jusqu’au plus haut niveau du Conseil fédéral, relève de l’euphémisme. La Suisse est au bout d’un système de concordance qui n’a plus aucun sens : de l’UDC ou des socialistes, l’un de ces deux partis est de trop dans la coalition. Et ne venez pas me parler de l’UDC Canada Dry de Samuel Schmid et Evelyne Widmer-Schlumpf. Il n’y a qu’une seule UDC : celle de Blocher.

Il est temps de revenir à des valeurs politiques simples. Que la droite gagne les élections, et elle gouvernera. Idem pour la gauche. Voici venu le temps des programmes clairs et des choix de société courageux. Le PS et l’UDC n’ont strictement rien à faire ensemble. Si ce n’est se combattre.

 

Pascal Décaillet

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