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Le sang noir, au soleil



Édito Lausanne FM – Lundi 03.03.08 – 07.50h



Christian Levrat, 37 ans, nouveau patron du PS. Toni Brunner, 33 ans, nouveau président de l’UDC, libre de sa partition à condition qu’il suive scrupuleusement les indications de son souffleur. Christophe Darbellay, 37 ans, président du PDC. Partout, on nous annonce l’ère des jeunes loups, la nouvelle vague. On se croirait presque dans les Cahiers du Cinéma, il y a un demi-siècle.

Que ces trois hommes soient de valeur, nul n’en doute. Mais que la presse s’extasie ainsi, à chaque fois, face au mythe de la jeunesse, ce roman du renouveau, voilà qui en dit plus sur les observateurs que sur l’objet du discours. La grande illusion générationnelle des rénovateurs, on nous l’a tant et tant servie ! En 1979, au Congrès de Metz, on nous présentait Rocard, quatorze ans plus jeune que Mitterrand, comme l’homme qui allait le passer par pertes et profits. On a vu la suite. Et le sang bleu du dauphin présumé est devenu sang noir de victime. En 1990, on nous disait Chirac cerné par les « rénovateurs », les jeunes loups du RPR. On a vu la suite. On a vu sécher dans le désert le sang de Michel Noir.

La politique n’est pas une affaire d’âge. Bonaparte, à 30 ans, s’emparait du pouvoir. À 27, il avait déjà fait la prodigieuse campagne d’Italie. Mais Adenauer, à 85 ans, scellant avec de Gaulle la réconciliation franco-allemande, montrait qu’il était encore un grand chancelier. En politique, l’âge n’existe pas. Ou plutôt, nul discours solide, autour de l’âge, ne se peut formuler. La question générationnelle, en soi, n’existe pas. Mythe du renouveau, de la résurgence, illusion de recommencer la vie. Mais qui, si souvent, se perd et s’abolit dans la noirceur coagulée du sang, quand il sèche au soleil.

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