Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • La gauche, la droite : plus vives que jamais !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.02.23

     

    Ils sont nombreux, les nouveaux partis, et même certains sortants, à nous décrire comme archaïque, dépassée, ringarde, la vieille bipolarité entre la droite et la gauche. Après deux siècles de loyaux services, ce binôme n’aurait plus lieu d’être, il représenterait des visions du monde révolues, il serait urgent de lui substituer une dramaturgie politique fondée sur la « concertation », « l’écoute de l’autre », la « recherche de solutions ». Bref, un univers merveilleux, surgi de Merlin l’Enchanteur, où se conjugueraient les qualités du diplomate, du mélomane et de l’amateur d’algèbre. Un monde idéal. Un paradis des bobos.

     

    La réalité politique, économique et sociale, à Genève, en ce printemps 2023, est singulièrement différente. Pour le dire d’un mot, jamais la gauche et la droite n’ont été aussi vivantes, ni aussi fondamentalement opposées l’une à l’autre. Il faudrait certes dire « les gauches, les droites », vous connaissez ma passion pour toutes les nuances de l’Histoire politique. Mais il n’est pas faux, non plus, de constater, à l’intérieur des deux camps, dans les grands moments, face aux défis qui comptent, des facultés à se regrouper.

     

    Regardez les votes du Grand Conseil, soit en plénum, soit (mieux encore) en commissions. Celle des Finances par exemple, qui, chaque mercredi, nous informe (avec une louable transparence) du détail des votes sur les ineffables « crédits complémentaires », véritables rallonges budgétaires constamment demandées par le Conseil d’Etat, et la plupart du temps accordées par quinze roitelets qui se tiennent par la barbichette. Eh bien, ce sont toujours des votes frontaux entre la droite et la gauche. Tout au plus certaines formations illisibles font-elles pencher la balance, lorsqu’il s’agit, par exemple, de cajoler leur clientèle électorale de fonctionnaires.

     

    Et puis, prenons les grands sujets, ceux qui comptent, ceux qui touchent la vraie vie des gens, et pas juste d’infimes minorités, mise en avant par les wokes, les chercheurs en sciences sociales, les universitaires totalement déracinés du réel. Prenons donc les finances. Les PME. Les classes moyennes. La fiscalité. La santé publique. L’éducation et la formation. Le pouvoir d’achat. Sur ces questions majeures, non seulement la gauche et la droite existent plus que jamais, mais se combattent frontalement depuis des années, à Genève. On voit mal en fonction de quel tour de passe-passe ce choc des idées (fort salutaire, dans une démocratie) devrait, au soir du 2 avril, céder la place aux bisounours du grand Marais centriste.

     

    Plus globalement, nous sommes entrés dans un monde où les fronts s’observent, et se parlent de moins en moins : guerre en Ukraine, promesses d’Apocalypse climatique, de chaque côté on se fige, on se rejette. Le temps du dialogue est peut-être derrière nous. Celui des choix clairs, celui d’un camp contre un autre, est tout, sauf révolu. Ceux qui aiment l’affrontement s’en réjouiront. Les enfants du Marais iront se lamentant.

     

    Pascal Décaillet