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Conseil des Etats : stratégie à droite

 

Sur le vif - Mardi 21.06.11 - 17.18h

 

Est-il inéluctable que Genève, canton majoritairement à droite, continue d'envoyer, entre 2011 et 2015, deux personnalités de gauche, certes rafraîchissantes,  au Conseil des Etats ? La droite genevoise, l'ensemble des familles politiques de cette sensibilité, du PDC à l'UDC, doivent-elles fatalement s'y résoudre ? Si la réponse est oui, cela signifie que l'action politique ne sert plus à rien, qu'il existerait comme de noirs destins, des vents contraires, des divinités odysséennes, inattaquables. Il n'y aurait plus, les bras ballants, qu'à accepter le sort.

 

Pour l'élection de cet automne aux Etats, comme pour celle de ce printemps à l'exécutif de la Ville de Genève, l'ennemi premier de la droite, c'est la droite elle-même. Ses ferments de dispersion. Ses rivalités intestines, mortifères. Sa logique de défaite, résignée. Son inaptitude historique à partir au combat unie. L'UDC diabolisée, au mieux par de sincères humanistes, au pire (ce fut le cas ce printemps) par un pronunciamiento camouflant  ses ambitions, au service d'un seul homme, sous le paravent de la morale. Et les naïfs ont marché !

 

Pour les Etats, il existe un candidat de qualité. Il s'appelle Christian Lüscher,  fut l'une des rares bonnes surprises de la députation genevoise 2007-2011, s'est bonifié à Berne, s'est admirablement adapté à la vie politique fédérale. Assurément, il ferait un sénateur de qualité. Mais Lüscher, face à la machine de guerre de la gauche, aura, dans cette élection de type majoritaire, peu de chances de passer sans une politique d'alliances à droite qui soit sans faille, et d'une redoutable solidité. Dans cette optique, d'intenses tractations sont en cours, au moment même où j'écris des lignes. Un arrangement entre le PLR et l'UDC, passant par des compensations en septembre, est envisagé. Bien sûr, le PDC doit aussi donner son accord, avec pour lui la possibilité de faire figurer Luc Barthassat, conseiller national sortant, sur la même affiche que Lüscher, pour les Etats.

 

Compensations en septembre ? Le 18 de ce mois, le peuple genevois devra procéder à une élection complémentaire à la Cour des Comptes. Pour le grand public, pas franchement passionnant : on ne s'étripe guère dans les bistrots, pour l'heure, à ce sujet. Pour les états-majors politiques de droite, au contraire, l'occasion d'un test de loyauté. Une sorte de Kriegspiel, de répétition générale. Hypothèse : une droite unie pourrait soutenir Yves Nidegger, le faire élire même. En compensation, cinq semaines plus tard (le 23 octobre), la même droite unie roulerait pour Lüscher, voire Lüscher-Barthassat, à la Chambre des cantons. Et là, l'un des sénateurs de gauche, au moins, pourrait commencer à trembler.

 

Bien entendu, tout cela n'est qu'hypothèses. Et se heurte, aujourd'hui déjà, au génie suicidaire de la droite genevoise. Plus que jamais, un homme nous manque : Cyril Aellen, dernier président du parti libéral genevois, audacieux et visionnaire. Un homme de courage qui a su prendre des risques. Ce qui pourra, peut-être, se faire de bien cet automne, dans la droite genevoise, sera inspiré de lui, de son sillon. Ou ne sera pas.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

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