Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 28.06.10
La Genève internationale n’existe pas. Elle est juste une fiction. Juste l’hallucination collective d’une petite clique – toujours la même – qui adore se déhancher autour d’un drink, parler anglais, rêver d’un univers multilatéral qui n’existe que dans leurs têtes. Un doigt de scotch, trois larmes de soda, et le bleu de la planète qui vous caresse l’âme.
Il faut voir avec quelle arrogance ils parlent des nations, cet archaïsme qu’ils prétendent avoir dépassé. Il n’y aurait de solutions que mondiales à des problèmes mondiaux, les frontières seraient vulgaires, les problèmes locaux, ridicules.
Mais cette petite clique de snobinards de cocktails, lustrée dans le sens du poil par quelques-uns des nôtres qui voudraient s’arracher à leur provincialisme, fut-elle jamais au rendez-vous lorsque l’heure fut grave ? On a vu l’utilité de la SDN au cœur des années noires. On a vu l’éblouissante efficacité du Forum humanitaire mondial, de Kofi Annan.
Dès que les choses vont mal, ce petit monde vous lâche, s’évapore. Alors, il convient d’être assez fort pour s’en sortir par soi-même. La force d’un pays, c’est sa cohésion, sa fraternité interne, son envie d’exister. Lorsque les choses vont mal, ces valeurs-là valent mille fois plus que l’amitié des petits fours, des ronds-de-jambe et des salamalecs.
Pascal Décaillet