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La nausée par l’équilibre

Sur sept conseillers d’Etat genevois, cinq se représentent. Autant dire que la marge de renouvellement de l’électeur, si ce dernier devait appliquer avec obédience les consignes des partis, est bien faible !

Donc, justement, pas d’obédience. Pas de fidélité aveugle. Du sens critique, du droit d’inventaire, de l’imagination : on a trop longtemps, dans ce pays, reconduit par automatisme, par routine, des équipes fatiguées. Copains, coquins, compagnons de réseaux, amitiés transversales, jeu de ficelles où tous se tiennent. Terroir, Territoire, amicales, tutoiements, bedaines de cocktails, réconciliations à la buvette, quand ça n’est pas sur l’oreiller. La bonne vieille politique de toujours, à gauche comme à droite d’ailleurs, bien pépère. Avec une incantation, magique : l’équilibre.

Mais c’est quoi, l’équilibre ? C’est une force qui en annule une autre. En sciences physiques, c’est passionnant ; en stratégie de victoire, c’est un tantinet désespérant. Pour qu’une vision du monde l’emporte (pour quatre ans) sur une autre, il faut une dialectique d’affrontement, avec des moments d’offensive qui passent par un déséquilibre, un imprévu, une percée. Privilégier la guerre de mouvement sur celle de position. L’équilibre, il viendra bien plus tard. Comme résultante d’une confrontation, non comme donnée de base, pataude et résignée.

Ainsi, quand j’entends dire que telle personne va casser la baraque sous le seul argument qu’elle « représente la sensibilité des communes », je me dis qu’il pourrait peut-être exister, ici-bas, des desseins un peu plus ambitieux. Oh, je ne demande pas Arcole, ni qu’on se saisisse chaque jour du drapeau pour franchir le pont sous la mitraille, mais enfin la « sensibilité des communes », j’ai connu des slogans de campagne plus exaltants.

De quoi s’agit-il, cet automne ? D’élire un gouvernement, pour quatre ans, en période de crise économique et financière, qui malheureusement ne va pas se tasser d’ici novembre. Ce Conseil d’Etat aura besoin d’une action commune et cohérente, et pas juste tricotée pour le discours de Saint-Pierre. Il aura besoin d’hommes et de femmes de caractère, avec de l’audace, de la vision. De gauche ou de droite, l’électeur en décidera. Mais de grâce, des personnalités fortes. Pas des passe-murailles.

 

Pascal Décaillet

 

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