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La politique kidnappée par les couleurs privatisées des écuries

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Sur le vif - Dimanche 27.10.13 - 16.13h

 

Je suis le premier à ne pas souhaiter un proportionnalisme absolu entre l'élection législative et celle de l'exécutif. Je pourrais d'ailleurs, dans un autre contexte que celui de Genève, vous réciter par coeur le Discours de Bayeux.



Mais tout de même ! Entre une composition gouvernementale qui ne ferait que procéder du législatif, et le joyeux hasard qu'on nous propose à Genève en cet automne 2013, soit deux élections sans aucun rapport entre elles, il y a une mesure plus juste à inventer. Les Constituants ne l'ont manifestement pas fait, et le peuple a accepté un système qui ne va tout simplement pas.



Nous avons eu, le 6 octobre, une élection parlementaire. Il y a eu des débats de types de société, et puis un beau dimanche le peuple a tranché, donnant pour près de cinq ans une nouvelle répartition des forces au Grand Conseil. Avec, notamment, cette fameuse composition tripolaire que tout le monde a notée.



Cinq semaines plus tard (délai beaucoup trop long, je l'ai noté précédemment), nous votons - ou plutôt nous revotons - pour le Conseil d'Etat. Onze candidats, sept élus. Qui ? Je n'en sais fichtre rien, et ne suis pas loin de m'en désintéresser, tant cette élection, simple casting de personnes, m'apparaît dépourvue d'intérêt par rapport à ce qui s'est passé le 6 octobre, et qui sera véritablement la nouvelle donne, l'épine dorsale de la nouvelle législature.



Cette élection du Conseil d'Etat, second tour, est à ce point déconnectée de l'élection parlementaire - mais vraiment, plus que jamais, à 100% cette fois - qu'on se demande bien comment vont s'organiser, autrement que par le hasard et le coup par coup, les rapports entre gouvernement et Parlement entre 2013 et 2018.



Il y a, dans ce système, quelque chose de pernicieux. La politique, entendez les choix de société, y est largement perdante, au profit d'une arithmétique du fortuit. On irait voter comme on lancerait ses dés, ou comme on placerait ses jetons sur le tapis d'un casino. Je déteste ce système, qui tue la politique, et ne fait que renforcer les couleurs privatisées des écuries, de gauche comme de droite d'ailleurs.

 

On ne roule plus pour des idées. On roule tellement pour des personnes, ou des grappes de personnes, avec lesquelles on se fait photographier sur les stands, qu'on se croirait au Palio de Sienne, avec ses antagonismes de couleurs, les "Contrade", à chaque clan sa griffe, son logo, ses supporters. A chaque équipe, ses tifosi. Comme si cette joute de casting était seule au monde, ne dépendait que d'elle-même, et surtout ne devait s'affirmer que par son affranchissement total de la première bataille, dûment scellée le 6 octobre, celle qui s'intéressait à la confrontation des idées et aux choix de société. Nous ne sommes pas loin du surréalisme, ou du dadaïsme. Avec beaucoup de couleurs, quelques perspectives cubistes, et l'écriture automatique - plus ou moins talentueuse - en guise de cohérence.

 

Pascal Décaillet

 

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